Et 1,25 % de ceux ayant vote a toutes les elections en 2003 ont vu un bulletin de vote rejete pour cause de non-conformite avec les regles du systeme electoral.
Lors de certaines elections recentes, nos bulletins rejetes comptaient concernant pres de 2 % des voix exprimees. Dans ces cas, les bulletins de vote ont ete annules via les electeurs, volontairement ou non, d’une maniere ou de la nouvelle: croix multiples, messages de protestation, bulletins blancs, etc. Aux dernieres elections, ce parti tres informel de ceux qui annulent leur vote a ainsi obtenu plus de voix en urnes que l’Union des forces progressistes, le Parti vert et la totalite des tiers partis!
Le syndicaliste Michel Chartrand, presente avec des decennies comme 1 homme au sens moral et civique exceptionnel, a souvent suggere d’annuler le vote. «Puisque tous les candidats veulent notre beaucoup, raille-t-il, il convient avec gentillesse de donner une chance a chacun en tracant une jolie croix a cote du nom de chacun!» Pour votre homme qui vient de celebrer le 90e anniversaire, annuler le vote a toujours ete une facon directe de protester contre le systeme et la structure politique en place. Le chansonnier Richard Desjardins critique lui aussi, a ses heures, l’institution electorale, soulignant a le loisir que puisque la population a maintenant le droit de voter, il ne lui reste plus qu’a obtenir le droit de selectionner.
Dans le systeme actuel, nos votes annules ne semblent jamais comptabilises formellement mais se retrouvent dans la rubrique vague des «bulletins rejetes». Annuler son vote — ou meme ne pas voter, bien simplement — constitue pourtant une option politique, meme si notre systeme politique tend a en minimiser la legitimite. «Au Quebec, le Directeur general des elections fournit de l’equipement a toutes les ecoles pour apprendre aux jeunes a voter, en collaboration avec le ministere de l’Education», explique Francis Dupuis-Deri, professeur de science politique a l’UQAM. «Tout une systeme politique repose sur l’enseignement de votre comportement qui considere tel un delicieux citoyen celui qui vote.»
Le fait de ne point voter ou d’annuler son vote constitue-t-il une manifestation evidente de decrochage social?
souvent pas, croit l’universitaire: «Ce n’est nullement certain. Notre vote, tel que c’est exerce, c’est d’abord la manifestation d’une conception aristocratique d’la societe: le i?tre capable de est accapare avec une elite, contrairement a votre que laisse entendre l’idee en fonction de laquelle le peuple est souverain par l’entremise de l’ensemble de ses representants.»
Est-ce donc une faute pour un citoyen de ne point aller voter ou d’annuler son vote? Pour Vincent Lemieux, specialiste des phenomenes electoraux et professeur emerite a l’Universite Laval, le desengagement envers un chacun politique classique est 1 phenomene relativement recent qui touche l’ensemble des democraties dites occidentales. «Sauf dans deux ou trois pays, c’est partout qu’on constate desormais des taux de participation a votre baisse, surtout chez des jeunes. Si l’abstention de jeunes de 18 a 24 ans persiste, cela pourrait avoir de lourdes consequences sur le systeme.»
A le car ou la publicite de masse reste le principal moyen qu’utilisent les partis politiques Afin de rejoindre la population, les mecs se sentent plus eloignes que jamais des enjeux electoraux, croit Vincent Lemieux. «Certaines etudes ont montre qu’un contact direct avec les candidats encourage la participation. Mais l’eloignement du monde politique par rapport a la base populaire n’est certainement pas le seul facteur qui explique la depolitisation», s’empresse-t-il d’ajouter.
D’ou vient l’idee que celui-ci faille absolument voter? Dans l’histoire des pensees politiques, la recherche d’un monde meilleur ne s’est pas toujours conjuguee avec la participation a un scrutin. Loin de la.
Jean-Jacques Rousseau lui-meme, dans Le Contrat social, affirme que la volonte populaire ne se delegue pas par le vote. «La souverainete ne va etre representee», dit-il. Rousseau raille tout particulierement les illusions qu’entretient a votre egard le parlementarisme britannique, dont le regime canadien reste naturellement issu. Au Contrat social i chaque fois, il ecrit Indeniablement ceci: «Le peuple anglais pense etre libre; il se trompe vraiment, il ne l’est que durant l’election des membres du parlement; sitot qu’ils seront elus, Cela reste esclave, il n’est rien. En courts moments de une liberte, qu’est ce que flingster l’usage que celui-ci en fera merite beaucoup qu’il Notre perde.»
Dans votre autre propos celebre, le philosophe francais Jean-Paul Sartre soutient quant a lui que les elections ne sont en fait qu’«un piege a cons». Apres s’etre livre a une longue analyse historique du systeme francais, Sartre en arrive a dire, dans votre post des annees 60, que des bulletins de vote, apres l’addition des suffrages, ne font nullement apparaitre l’interet commun du plus large panel mais bien le seul interet de quelques-uns, tout en forcant la majeure partie du temps des individus a trahir leurs interets collectifs. D’ou le sentiment que le refus de voter, sous une forme ou une autre, puisse etre au mieux legitime, voire tout a fait raisonnable.
Dans plusieurs des mouvements de contestation qui animent et secouent toute l’histoire d’une pensee politique, on croit, au meme esprit, que le jeu electoral est tordu a sa base meme et qu’il ne sert, en definitive, qu’a reconduire pour un autre mandat des entites deja en place et quasi immuables.
Au Quebec, Afin de des elections de lundi, le collectif libertaire «Nous on vote jamais!» propose l’abstention d’apres une logique de simple opposition au i?tre capable de de l’Etat. Ce groupe disait hier, par voix de communique, vouloir «defendre la legitimite de l’abstention comme panel politique viable». Sur son website, il explique que «l’Etat est la forme que prend une classe Afin de asseoir une domination et Notre faire accepter au nom de «l’interet general». L’Etat perpetue ainsi la societe divisee en classes sociales antagoniques: ceux qui possedent et ceux qui doivent bosser Afin de subvenir a leurs besoins».
Anais, une jeune preposee aux beneficiaires toute frele, ainsi, son ami Olivier, stagiaire en cooperation internationale, ont installe devant un demeure, bien en haut tout d’un petit commerce du quartier Hochelaga-Maisonneuve, une banderole qui incite nos passants a ne pas voter. «On n’est nullement des anarchistes, explique Olivier. Moi, je milite plutot pour l’environnement.» Quant a elle, Anais s’interesse surtout au sort fera aux malades en psychiatrie. Pour eux, pas question de voter: la societe doit changer par d’autres revenus que des elections, qu’ils considerent correctement comme 1 «simple cirque».